La reconnaissance publique dont bénéficient les Gnawa aujourd'hui contraste avec le mépris dont ils faisaient l'objet par le passé. Leur musique qui jusque-là était réservée à un public d'initié, est aujourd'hui jouée sur des plateaux à l'italienne, labélisée Musiques du monde. Les scènes sur lesquelles sont données à voir et à entendre les musiques Gnawa, ainsi que les multiples discours qui escortent l'événement musical (journaux, radios, brochures...) contribuent à mettre en scène le pays-monde, la ville-monde. Les enjeux dépassent ainsi toujours le niveau local, il s'y joue toujours plus que ce que l'on peut observer, ce qui conduit à concevoir le « régional », le « local » ou le « global » non en termes essentialistes, mais comme des rapports construits par les acteurs, susceptibles de reconfigurations permanentes. Cette situation d'enquête met en lumière les modalités d'appréhension et de performance de la tradition, de l'identité et de l'altérité.