Nous proposons de mener un questionnement épistémologique autour d'une analyse réflexive de dix années de travaux de recherches ethnologiques et sociologiques. J'ai étudié successivement trois groupes sociaux s'inscrivant dans une dynamique d'alternative sociale : des familles « néo-rurales » réhabilitant un hameau abandonné pour en faire un « éco-village » ; le mouvement Motivé-e-s de Toulouse en 2001 qui incarnait alors le projet d'une « démocratie participative » ; et le milieu de l'agriculture biologique défendant un nouveau paradigme agricole. Or, l'étude de ces trois objets produit des résultats similaires : l'alternative enchantée portée par les discours et les représentations indigènes est contredite par une réalité sociale où dominent les logiques de reproductions structurelles. À chaque fois, l'étude des possibilités d'alternatives sociales à l'ordre établi conduit à une conclusion wébérienne d'un « désenchantement du monde ». Comment interroger et comprendre ces processus ?