Nous avons choisi d'observer une communauté de migrants ruraux au sud du Togo, pays d'où nous sommes originaires. Il s'agit de migrants venus du nord du pays (région d'où nous venons), de l'ethnie kabyè (que nous avons ‘'connue'' pendant une période de notre scolarité et dont nous parlons la langue). Parti pour étudier comment cette communauté vivait en milieu d'accueil, notamment les liens qu'elle entretenait avec les autochtones et les transformations culturelles que cette situation avait pu engendrer, nous avons été surpris par la régularité d'un phénomène qui semble régir leur vie sociale : le projet de développement, cet outil adopté par les Etats – pour promouvoir leur développement - et les ONG /Associations – pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Nous avons décidé alors d'étudier de plus près ce phénomène, en menant une recherche ethnographique auprès de la communauté de Bokocopé, un hameau de migrants kabyè, situé à environ 15 km au nord-est de Kpalimé, grande ville de la Région des Plateaux au Togo. Sept mois après le démarrage de notre recherche, nous avons accepté un poste de responsable de l'Association Elevages Sans Frontières au Togo, qui intervient aussi dans la Région des Plateaux où se situe justement Bokocopé. Nous voici donc dans une situation où, en tant que chercheur, nous abordons un milieu qui nous est familier, dans un contexte professionnel connu. Comment pouvons-nous dans ce cas prétendre à l'objectivité ?