L'éthologie naturaliste des primates élabore ses hypothèses au sein de réserves et d'espaces protégés de la présence humaine afin d'éprouver ses théories sur l'évolution de la culture. Paradoxalement, seuls les comportements ainsi construits comme « naturels » sont qualifiés de « culturels » en primatologie. Je propose au contraire de travailler au sein d'espaces ouverts aux interactions des chimpanzés avec les hommes en pays landouma et nalou (Guinée, Guinée-Bissau). L'étude des relations entre les humains, les animaux et les génies de la brousse permet de comprendre pourquoi certains affirment qu'un programme de conservation de la faune et de la flore, financé par l'Union Européenne, puisse se réserver des espaces de forêt afin d'y élever les animaux qui s'y trouvent. Historiciser la nature permet de redynamiser la « primatologie culturelle », dont les approches trop descriptives sont actuellement concurrencées par des réductionnismes génétiques et cognitivistes résurgents.