Voulant comprendre pourquoi les concepteurs burkinabè refusent de travailler dans une logique de conception collaborative, nos investigations ont montré que la non-collaboration entre acteurs dans les processus de conception d'équipements au Burkina Faso repose essentiellement sur un déficit de confiance entre les protagonistes. Cette absence de confiance pour coopérer est elle-même tributaire des échecs antérieurs de quelques tentatives de collaboration et se manifeste par une forte récurrence des accusations fondées ou non de vols d'idées et de technologies dans les propos de nos interlocuteurs. Cette récurrence des accusations nous interpelle et c'est pourquoi nous y avons porté une attention particulière pour comprendre et analyser les mobiles, les logiques et les dynamiques à l'œuvre qui les sous-tendent. Pour notre part, nous pensons que l'on peut assimiler ces vols et copies à des formes particulières de communication et d'échanges, que les jugements négatifs catégorisent en vols. Or, ce sont peut-être au fond ces processus – certes irréguliers, suspectés, mal vécus parfois – associés aux expériences de coopération confiantes que nous avons identifiés entre certains acteurs, qui donneront sens au mode d'existence particulier de ces praticiens dans un contexte national qui n'offre guère de garantie que leurs actions et innovations soient véritablement portées et reconnues dans l'ordre public. La présente communication s'attellera à répondre aux questionnements suivants : à quelles réalité sociologiques ces accusations de vol d'idées et de technologies renvoient-elles ? Voler les idées de quelqu'un qu'est-ce à dire ? Comment vole-t-on une idée ou une technologie ? Qui vole les idées, à qui vole-t-on les idées ou les technologies ? Quelles idées vole-t-on ? Le « voleur » d'idées est-il assimilé à un pirate comme dans le domaine informatique ? Quelles peuvent être les limites de la « théorie » du vol d'idées ? Mais aussi peut-on inventer ou innover sans s'appuyer sur les idées des autres ?