1er Congrès de l'Afea / 21-24 septembre 2011
Paris (France)
L'ânesse et l'anthropologue
Betty Lefevre  1, *@  
1 : Laboratoire CETAPS  (CETAPS)  -  Site web
Université de Rouen : EA38 32
* : Auteur correspondant

Robert Louis Stevenson, lors de son voyage dans les Cévennes reconnaissait combien son ânesse, Modestine, en avait changé le cours par sa curiosité et sa fantaisie. En faisant l'étude de notre propre trajectoire d'enseignant-chercheur en anthropologie, on pourrait admettre qu'il y a quelque chose de Modestine en nous : dans une société de la vitesse et de l'urgence, développer un certain goût pour la lenteur et des temps de recherche décalés n'aide pas à construire la réputation d'un savant. Autre trait partagé avec l'ânesse : l'entêtement qui consiste à ne pas suivre les chemins programmés, à se rendre dans des lieux éloignés du commerce de la science, un studio, un théâtre, un festival, à écouter les « danseurs de la pensée ». Nous questionnerons les relations entre science et dérision en faisant le pari que l'humour peut être un tremplin pour la pensée anthropologique : mettre des étudiants sur le chemin de la curiosité et/ou de la connaissance relève d'une procédure sinueuse, audacieuse, critique et parfois irrespectueuse. Il semble qu'il y ait en chacun de nous une Modestine qui s'ignore. Poser l'hypothèse d'un jeu fructueux entre l'intelligence de l'âne et l'ignorance du chercheur, participe d'une réhabilitation et de l'âne et de la science comme exercice jubilatoire.


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