1er Congrès de l'Afea / 21-24 septembre 2011
Paris (France)
Une anthropologie de Paris est-elle possible ?
Anne Monjaret  1, *@  
1 : Centre de recherche sur les liens sociaux  (CERLIS)
Université Paris Descartes : UMR8070
* : Auteur correspondant

Cet atelier organisé sur deux sessions avait pour vocation d'amorcer une réflexion collective sur les manières dont les ethnologues français et étrangers ont approché la capitale, sur les terrains ou les thèmes qu'ils ont privilégiés, autrement dit, sur la fabrique anthropologique de Paris et les conditions de possibilité d'une anthropologie de Paris.

Il a réuni au final cinq intervenants, six étant initialement prévus. Ces derniers, ethnologues ou sociologues pratiquant l'ethnographie, ont tous des terrains dans Paris mais n'ont en revanche pas Paris comme terrain. Suite à notre appel, l'atelier a été l'occasion pour eux d'interroger autrement leur pratique, ce qui a, sans aucun doute, fait la richesse et la pertinence intellectuelles de cette rencontre.

Après une courte introduction visant à poser les objectifs de l'atelier, la première session « L'anthropologie de Paris : une anthropologie "at home" ou une anthropologie "exotique" ? : « approches et débats » a été ouverte par Guillermo Vargas Quisoboni (EHESS/LAS) qui a proposé de comprendre Paris à travers son expérience de chercheur étranger et ses deux terrains principaux, l'hôtel Drouot et le Musée national d'art moderne. Il a questionné Paris en tant que territoire d'une culture locale et, se situant entre une anthropologie « at home » et une anthropologie exotique, il a montré la fragilité de cette bipolarité. Puis, Sophie Corbillé (Université Paris-Sorbonne/CELSA) a enchaîné avec une communication présentant ses travaux sur les quartiers du nord-est de Paris et la façon d'être Parisien dans ces quartiers en voie d'embourgeoisement. Pour elle, si faire une ethnographie des quartiers gentrifiés a d'abord été faire une anthropologie/dans/Paris, elle s'est rendue compte, dans le cadre de la réflexion menée dans cet atelier, que c'était aussi participer à une anthropologie /de/ Paris, ce qui l'a obligé à se poser la question de la production de l'identité de Parisien et des frontières de Paris.

La deuxième session « Processus de « fabrication » de Paris, d'un Paris » a été centrée sur une analyse des dynamiques culturelles parisiennes. Emmanuelle Lallement (Université Paris-Sorbonne/CELSA, associée au LAIOS-IIAC/EHESS) a mis l'accent sur la manière dont l'anthropologie peut saisir les processus de transformation de l'espace parisien à partir d'une analyse comparative d'opérations urbanistiques actuelles ou en cours de réalisation (Paris-Plages, projet Voies sur Berge) et d'opérations festives annuelles (Nuits Blanches, Fête de la Musique). Ces événements reposent sur une logique performative qui consiste à faire advenir une autre manière d'être en ville par le détournement organisé, collectif et souvent ludique voire festif des lieux. Sylvie Perault (PLC, UFR arts, département théâtre, Université Paris 8) a, elle, proposé de s'intéresser au Paris des revues du music-hall. Si Paris se définit par ses lieux culturels, ses monuments et ses spectacles, la revue occupe une place particulière puisqu'elle renvoie à un Paris imaginaire C'est donc un Paris au passé revisité voire idéalisé et transfiguré auquel invite le music-hall actuel. Décor de music-hall, Paris est aussi décor cinématographique. C'est à cette dimension que s'est attachée Gwenaële Rot (Université Paris Ouest Nanterre La Défense, IDHE). Paris est une ville investie par les tournages. La capitale devient alors un lieu de travail approprié un temps par les professionnels du cinéma pour transformer le territoire choisi en décor de film, pour faire d'un « décor naturel », un lieu privatisé. Paris se met en scène et est mis en scène.

Chacune des séances a été suivie par un public fidèle d'une douzaine d'auditeurs qui a largement manifesté son intérêt pour la thématique, posant des questions, nourrissant la réflexion. Cet intérêt conjugué à celui exprimé par un certain nombre de collègues ne pouvant assistés aux séances nous encourage à la création d'un réseau thématique qui permettra de poursuivre les échanges ainsi entamés.


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