La transcription fait la preuve, légitime, justifie, contribue à la production du discours anthropologique. Est-elle à ce point évidente qu'elle n'a pas à être formalisée, à ce point essentielle au discours anthropologique qu'elle devrait devenir en quelque sorte une aptitude naturelle chez l'anthropologue ?
Comment retranscrire ? Seront posées les difficultés rencontrées et les enseignements de ce fastidieux travail. Parfois douloureuse, la transcription permet de mesurer tous les malentendus, les incompréhensions, les absences dans l'enquête et de l'enquêteur et permet de jeter les ponts d'un futur entretien qui permettra de vérifier, de mieux comprendre, de se rapprocher de ce que le locuteur accepte de partager.
Mais dans ce passage de l'oral à l'écrit sombrent le ton, l'accent, la tonalité, le rythme, les jeux phonétiques, les mimiques, les gestes. En cela, l'observation devient complémentaire à la transcription. Dans l'exercice, se fait jour la tentation de tout écrire, mue par un souci d'intégrité (authenticité), et perdre ainsi, dans la conversion de l'oral à l'écrit, le moins possible de la précieuse matière collectée sur le terrain.